La terre biblique de Tabal, rebaptisée Katpatukya ("terre des beaux chevaux") sous l'empire perse (585 - 332 avant J.C), est aujourd'hui connue sous le nom de Cappadoce. Cette région s'étend à l'intérieur du triangle Neusehir - Nigde - Kayseri, entouré de 4 volcans éteints. Voilà 10 millions d'années, les volcans rejetèrent une couche de lave et de cendres de 100 / 150 mètres sur les marais de Lycaonie. Ces dépôts successifs se sont peu à peu solidifiés en une couche de roche tendre appelé tufa. Les éléments, entre les inondations de la rivière Kijigimak, le vent et la pluie, ont sculpté la stufa, formant au fil du temps un étrange paysage de cônes monolithiques appelés "cheminés de fées".
Le basalte dur figé à la surface des boues de l'ère préhistorique a mieux résisté à l'érosion, mais ne s'en est pas moins fissuré puis séparé en blocs. Ceux-ci, au bout du compte, se retrouvent en équilibre précaire au sommet de colonnes de tufa de moins en moins épaisses, d'où cet aspect intrigant de cheminées. Ces étranges tours, avec leurs chapeaux coniques, sont visibles principalement dans les vallées creusées de grottes et le long gorges abruptes.
Plusieurs apôtres voyageurs diffusent précocement le christianisme en Cappadoce, parmi lesquels Saint Paul qui est né non loin de là, en Cilisie, dans la communauté juive de Tarsus. D'abord marginalisés et pourchassés au sein du monde romain, les premiers chrétiens creusent des abris et des églises dans la tufa, les ornant de superbes fresques. L'impression très particulière de dépaysement que l'on ressent en Cappadoce s'explique en grande partie par ces paysages lunaires au coeur desquels des escaliers, des fenêtres et des sortes de meurtrières ont été élaborés. Plus tard, les byzantins transforment parfois les salles qui servent d'entrepôts en de véritables labyrinthes souterrains. Un grand nombre de ces demeures troglodytes sont encore habitées (certaines servent de caves, d'étables, ou ont été reconverties en hôtels).
